Tribune
La colère des quartiers populaires est légitime
Tribune collective publiée simultanément le 24 avril 2020 sur Bondyblog, Regards et Mediapart
Une trentaine d’organisations et associations lancent un appel de soutien à la colère qui s’exprime dans les quartiers populaires après la blessure infligée à un motard à Villeneuve-la-Garenne par la police, nouvelle démonstration de son impunité. « Ces révoltes sont l’expression d’une colère légitime car les violences policières ne cessent pas. Les inégalités et les discriminations doivent être combattues avec vigueur et abolies ».
Dans la nuit du 19 au 20 avril, plusieurs quartiers populaires ont connu des nuits de révolte.
La veille au soir, un homme a failli perdre sa jambe à Villeneuve-la-Garenne après une violente tentative d’interpellation policière et c’est bien cela qui a mis le feu aux poudres.
Les populations qui vivent dans les quartiers populaires sont en première ligne face à la crise sanitaire : elles sont parmi celles qui travaillent dans les « secteurs essentiels », celles qui permettent à notre société de ne pas s’effondrer aujourd’hui.
Pourtant, les inégalités sociales, déjà criantes, sont renforcées par la gestion du coronavirus et vont exploser avec la crise économique et sociale à venir. Ce dont témoigne déjà, entre autres, la surmortalité particulièrement élevée en Seine-Saint-Denis depuis le début de l’épidémie.
Les discriminations racistes, déjà insupportables, sont renforcées par l’impunité policière et les violences et humiliations se multiplient dans les quartiers populaires. On peut y ajouter le couvre-feu discriminatoire imposé aux habitant·es de ces quartiers par la ville de Nice. Ces injustices flagrantes sont documentées, nul ne peut les ignorer.
Alors nous le disons très clairement : nous refusons de renvoyer dos-à-dos les révoltes des populations dans les quartiers populaires et les graves et inacceptables violences policières qui les frappent.
Nous n’inversons pas les responsabilités et nous le disons tout aussi clairement : ces révoltes sont l’expression d’une colère légitime car les violences policières ne cessent pas.
Les inégalités et les discriminations doivent être combattues avec vigueur et abolies : avec les populations des quartiers populaires, nous prendrons part à ce juste combat pour l’égalité, la justice et la dignité.
Premières organisations signataires (23 avril 2020) :
ATTAC, Association pour la taxation des transactions financières et l’action citoyenne
ATMF, Association des travailleurs maghrébins de France
CCIF, Collectif contre l’islamophobie en France
Cedetim, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale
CGT, Confédération générale du Travail
CGT de la Cité nationale de l’Histoire de l’immigration
Collectif de la Cabucelle, Marseille
Collectif du 5 novembre – Noailles en colère, Marseille)
Collectif du 10 novembre contre l’islamophobie
Comité Adama
CNT-SO, Confédération nationale du Travail-Solidarité ouvrière
CRLDHT,Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie
Ensemble!
FASTI, Fédération des Associations de solidarité avec toutes et tous les immigré·es
Fédération SUD éducation
Fédération SUD PTT
Fédération SUD-Rail
Féministes révolutionnaires
Femmes égalité
Femmes plurielles
FO Sauvegarde de l’enfance 93
FTCR, Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives
FUIQP, Front uni des immigrations et des quartiers populaires
JJR, Juives et juifs révolutionnaires
Marche des solidarités
Mémoires en marche, Marseille
Mouvement La révolution est en marche
Mwasi, Collectif Afroféministe
NPA, Nouveau parti anticapitaliste
Le Paria
PCOF, Parti communiste des ouvriers de France
PEPS, Pour une écologie populaire et sociale
SNPES-PJJ FSU, Syndicat national des personnels de l’éducation et du social PJJ de la FSU
SQPM, Syndicat des quartiers populaires de Marseille
UCL, Union communiste libertaire
Union locale villeneuvoise, Villeneuve-Saint-Georges
UJFP, Union juive française pour la paix
Union syndicale Solidaires
UTAC, Union des Tunisiens pour l’action citoyenne
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6T de banlieue confinées : les exactions policières se poursuivent
par Moha, publié par Le paria le 28 mars 2020
Les policiers profitent de l’état d’urgence sanitaire et de l’épidémie pour frapper, agresser, humilier les gens qui habitent dans les quartiers populaires, les 6T de banlieue.
Hier par exemple, dans mon quartier du Blanc-Mesnil, un mec était menotté au sol en plein milieu de la rue. Autour de lui, vingt policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) du 93. L’un d’eux, cagoulé, faisait le guetteur en surveillant les environs pour couvrir ses collègues. Je n’ose pas imaginer ce qui s’était passé avant qu’il se retrouve au sol : l’interpellation commence toujours debout, et ça se termine à terre avec des hématomes sur tout le corps… ⇒ Lire la suite
Violence sanitaire et violence policière
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Un jeu de marionnettes et de palinodies nous en dit plus long que des kilomètres d’analyse, en période de pandémie virale, sur ce qu’il en est du rapport réel de la raison d’État à la question de la santé. Et nous offre une réponse claire à la question suivante : à qui s’adressent les discours de protection de la santé. Et surtout : à qui ne s’adressent-ils pas ?
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Photo de Une : extraite de la publication de la tribune sur Bondyblog.
La photo dans le corps du texte est extraite de la publication de la tribune par Regards.