Ricardo Parreira – Quand l’extrême droite prolifère dans la police

En écho

Quand l’extrême droite prolifère dans la police

Par Ricardo Parreira, publié sur La mule du pape le 14 mai 2020

C’est au travers d’une large panoplie de signes, insignes, symboles, slogans, etc, que des policiers visiblement sans honte ni crainte de leur hiérarchie, affichent publiquement, leur amour de la violence, du thème de la vengeance, et parfois, du racisme, de la mort, voire des idéologies nazie ou fasciste.
Non. L’article 113-18 prohibe le port sur la tenue d’uniforme de tout élément, signe, ou insigne, qui puisse être en rapport avec tout type d’appartenance à une organisation politique, syndicale, confessionnelle ou associative.

La loi est précise, néanmoins, des policiers continuent à exhiber dans l’exercice de leurs fonctions et sur la place publique leur affection pour des symboles d’extrême droite. A plusieurs reprises, des policiers de différentes compagnies (police nationale, CRS ou BAC) ont été rappelés à la loi. Néanmoins, malgré ces rappels, soit du Ministre de l’Intérieur ou des préfets de police, les forces de l’ordre n’arrivent pas à purger ces agents qui méprisent les principes de la neutralité politique.

C’est au travers d’une large panoplie de signes, insignes, symboles, slogans, etc, que des policiers visiblement sans honte ni crainte de leur hiérarchie, affichent publiquement, leur amour de la violence, du thème de la vengeance, et parfois, du racisme, de la mort, voire des idéologies fascistes ou nazis. Comportements chez la police, tellement gênants, que même le journal (centre-droit) le Point les exposé dans l’article : Des nazis dans la police. Ces agents de police, en totale adoration de l’extrême droite, cherchent des symboles qui puissent définir et représenter leur identité. Ils s’identifient à des personnages de BD Marvel ou DC Comics, ils sont un Punisher, un Captain America.

Les affaires de Dieu et de la Guerre

Ces agents de la police aveuglés par le repli identitaire, deviennent des Templiers, des Spartiates. Le “Force et Honneur” qui émerge du militantisme au sein du Front national/Rassemblement National ou d’autres slogans d’extrême droite, débordent au sein de la police. D’autres agents arborent aussi la fleur de lys, symbole de la monarchie française, de la chrétienté.

Policier à Manosque le 17 mai 2016 – Tête de mort

Policier à Manosque le 17 mai 2016 – Fleur de lys

 

 

 

 

 

 

 

 

Policier à Manosque le  17 mai 2016 – Écusson sur le bras droit du policier « Le pardon est l’affaire de Dieu – Notre rôle est d’organiser la rencontre »

(Source : « La symbolique fasciste à la mode dans la police », publié sur le site Anti-K le 4 mai 2018)


« Le pardon est l’affaire de Dieu – notre rôle est d’organiser la rencontre »
Que pouvons nous interpréter de ces mots sur l’écusson ?

“Le policier s’est vite rendu compte qu’il attirait les photographes après que j’en ai parlé à mes collègues sur le terrain et il m’a semblé mal à l’aise, je l’ai vu cacher l’autocollant”, se souvient Yann Levy.” (Huffington Post, 19 avril 2016)

Depuis des années, plusieurs photos ou vidéos ont tourné sur les réseaux sociaux dénonçant l’utilisation de symboles d’extrême droite non-conformes à la loi. Nous ne pouvons pas négliger le pouvoir que ces “écussons” avec des têtes de mort et autres insignes ont sur les citoyens. Il faut avoir en tête que la symbologie derrière ces symboles est très méconnue pour une grande partie de la population. Dans une situation où la police intervient, le calme, le respect et la neutralité religieuse, politique, de genre, ou sexuelle, sont des facteurs exigés très importants pour éviter l’escalade de la violence. Lorsqu’un.e citoyen.ne face à la police aperçoit une tête-de-mort sur la tenue d’uniforme du policier, des mots qu’il ne comprend pas, le logo du FN, le holster avec un guerrier templier, ou des tatouages chrétiens, cela peut-être choquant et déclencher la peur. Encore pire, pour les communautés musulmanes en France, les réfugiés, les sans-papiers, les gens du voyages, souvent victimes de contrôles au faciès par la police.

Dans les moments de légitime contestation sociale, les policiers se présentent face aux manifestants comme les garants de l’ordre, les gardiens de la paix. Si, les policiers portent sur le tonfa, le foulard, l’écusson, la tête de mort du Punisher, les manifestants peuvent-ils se sentir en sécurité pour exercer leurs libertés fondamentales ? Non.

Aussi en 2016, dans une manifestation sauvage de policiers à Paris, suivie par le média StreetPolitics, on peut repérer plusieurs symboles souvent utilisés par l’extrême droite sur les uniformes. En 2020, un journaliste de StreetPolitics dénonce l’achat d’un écusson pour la “Bac de nuit du 8eme” avec une créature qui porte le logo du FN sur son bras.

Rien d’étrange, car déjà en mars 2017, en pleine période électorale, une étude Ifop dévoilait que “44% des membres des forces de l’ordre déclaraient leur intention de voter pour Marine Le Pen” .

En 2018, encore plusieurs symboles utilisés par l’extrême droite, seront identifiés sur la tenue d’uniforme des policiers. En mai, sur une photo du journaliste Taha Bouhafs, on voit un CRS qui décore son uniforme avec l’insigne, ΜΟΛΩΝ ΛΑΒΕ, du grec – “viens prendre”, référence à la bataille des Thermopyles, quand les armées perses demandent aux Spartiates de déposer leurs armes, et le Roi Léonidas leur répond : « Venez les prendre ». Ce sont des insignes grecques, comme le “Lambda”, en vogue chez les groupuscules d’extrême droite comme la “Génération Identitaire”. Le ΜΟΛΩΝ ΛΑΒΕ, était aussi utilisé, surtout par des forces militaires, en Grèce et aux États-Unis pendant la guerre de l’indépendance, et il est utilisé plus tard comme slogan du lobby pro-arme américain.

Le portrait plus angoissant de cet amour pour la violence, toujours dans l’imaginaire grec, est le fait que l’insigne officiel d’une des compagnies présentes le jour où les étudiant.e.s de Mantes la Jolie ont été mis à genoux, portait l’écusson avec le casque spartiate. Effectivement, on parle de violence et de punition “in situ “, dans laquelle les étudiant.e.s ont du supporter la douleur et l’humiliation des policiers. Pour info, l’IGPN, après enquête, n’arrive pas à accuser les policiers d’aucun type de violence policière.

Sur le Checknews de Libé, au sujet du casque spartiate : “Rien d’étonnant à cela, puisque selon la préfecture des Yvelines, il s’agit «depuis très longtemps» de l’insigne officiel de la CSI (compagnie de sécurisation et d’intervention) du département, qui est intervenue hier. «C’est une compagnie de maintien de l’ordre, ils travaillent parfois avec des casques. Ils ont un casque sur leur uniforme, quel est le problème?», dit la préfecture.” Sur un article du Figaro : Une petite ville bretonne s’inquiète d’une possible réunion néonazie, qui touche le sujet des franges radicales de l’extrême droite, Le Figaro identifie le même casque spartiate comme symbole de la “division nationaliste”. […]

Lire la suite de l’article