Rencontres autour du livre
de Karima Lazali
Le trauma colonial
Une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l'oppression coloniale en Algérie
(éd. La Découverte, 2018)
mercredi 7 novembre 2018
19h30
Librairie Le Merle Moqueur
51 rue de Bagnolet, Paris 20e
M° Alexandre Dumas
En présence de l'auteure, Karima Lazali
avec :
Laurent Bazin, anthropologue
Emmanuel Blanchard, sociologue et historien
Sophie Mendelsohn, psychanalyste
samedi 17 novembre 2018
17h00
Librairie Le Divan
203 rue de la Convention, Paris 15e
M° Convention
En présence de l'auteure, Karima Lazali
avec :
Laurent Bazin, anthropologue
Olivier Le Cour Grandmaison, politologue
Le trauma colonial
Une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l'oppression coloniale en Algérie
par Karima Lazali
Psychanalyste, Karima Lazali a mené une singulière enquête sur ce que la colonisation française a fait à la société algérienne, enquête dont elle restitue les résultats dans ce livre étonnant. Car elle a constaté chez ses patient∙e∙s des troubles dont rend mal compte la théorie psychanalytique. Et que seuls les effets profonds du « trauma colonial » permettent de comprendre : plus d’un demi-siècle après l’indépendance, les subjectivités continuent à se débattre dans des blancs de mémoire et de parole, en Algérie comme en France.
Elle montre ce que ces « blancs » doivent à l’extrême violence de la colonisation : exterminations de masse dont la mémoire enfouie n’a jamais disparu, falsifications des généalogies à la fin du XIXe siècle, sentiment massif que les individus sont réduits à des corps sans nom... La « colonialité » fut une machine à produire des effacements mémoriels allant jusqu’à falsifier le sens de l’histoire. Et en cherchant à détruire l’univers symbolique de l’« indigène », elle a notamment mis à mal la fonction paternelle : « Leurs colonisateurs ont changé les Algériens en fils de personne » (Mohammed Dib). Mais cet impossible à refouler ressurgit inlassablement. Et c’est l’une des clés, explique l’auteure, de la permanence du « fratricide » dans l’espace politique algérien : les fils frappés d’illégitimité mènent entre frères une guerre terrible, comme l’illustrent le conflit tragique FLN/MNA lors de la guerre d’indépendance ou la guerre intérieure des années 1990, qui fut aussi une terreur d’État.
Une démonstration impressionnante, où l’analyse clinique est constamment étayée par les travaux d’historiens, par les études d’acteurs engagés (comme Frantz Fanon) et, surtout, par une relecture novatrice des œuvres d’écrivains algériens de langue française (Kateb Yacine, Mohammed Dib, Nabile Farès, Mouloud Mammeri…).
Karima Lazali, psychologue clinicienne et psychanaliste, exerce à Paris depuis 2002 et à Alger depuis 2006. Elle est l'auteure de nombreux articles et de La Parole oubliée aux éditions Erès (2015).
VIdéo. A propos du livre Le trauma colonial. Interview de Karima Lazali par Rachida El Azzouzi sur Mediapart