Urgent Pétition : Fermez les centres de rétention administrative ! Nouveaux témoignages des CRA – La lutte avance

Pétition, témoignages

Centres de rétention — La lutte avance

 


Urgent : Fermez les centres de rétention administratives !

Pétition à signer ici

Depuis le début de l’épidémie de covid-19, le nombre de sans-papiers dans les centres de rétention administrative (CRA) a certes diminué, eu égard au risque majeur reconnu que la promiscuité de l’enfermement représente en temps d’épidémie. Mais leur insalubrité, le défaut d’entretien et l’absence de matériel ont eu pour conséquence que plusieurs personnes ont été infectées. Et en outre, il est notoire que la prise en charge médicale autant que la vigilance sanitaire y sont soit inexistantes, soit, dans le meilleur des cas, défaillantes et tardives, ainsi qu’en attestent tous les acteurs (y compris policiers) autant que les associations présentes sur ce terrain.

La vie des personnes « retenues » est ainsi mise en danger alors que les perspectives de refoulement sont nulles, puisque, indépendamment de la légitimité des renvois, totalement contestable, leur réalisation est devenue impossible par suite même des ordres de confinement. Le ministre de l’intérieur s’est vanté d’avoir réussi à mettre en œuvre des bannissements, ce qui n’a pu avoir pour conséquence inévitable que la diffusion du virus.

Cette politique, criminelle à tous égards, doit cesser immédiatement. Les centres de rétention doivent être fermés sans délai comme y invitaient dès le début du confinement la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté et le Défenseur des droits. Et comme ne cessent de le réclamer non seulement les associations de défense des droits, mais les différents professionnels qui y interviennent.

Cette situation met en évidence le caractère punitif d’un dispositif qui peut durer jusqu’à 90 jours alors qu’il était fixé à 12 jours… au début de ce siècle. Cette dimension strictement punitive à l’encontre de personnes qui n’ont commis aucun délit, et susceptible de les exposer, dans la période actuelle, à un risque de mort, est encore aggravée, aussi bien psychologiquement que judiciairement, par le fait que les sortants de prison ayant intégralement purgé leur peine sont systématiquement placés en centre de rétention sans aucune perspective autre que celle de leur enfermement.

Dans un pays où – pour la première fois de son histoire – bibliothèques, librairies, théâtres, cinémas et musées sont fermés, les pouvoirs publics semblent ainsi considérer que les centres de rétention constituent un rouage essentiel d’une sécurité des frontières dont il est inenvisageable de se priver, au détriment même de la sécurité sanitaire non seulement des retenus, mais de tous ceux qui sont exposés à les prendre en charge et, au-delà, de tous ceux que les foyers infectieux constitués par la mesure même de l’enfermement peuvent menacer, c’est-à-dire nous tous.

Nous appelons à la fermeture immédiate de tous les centres de rétention administrative et nous demandons que s’engage une réflexion afin de déterminer si leur réouverture après la fin de la présente crise est opportune, au regard des critiques multiples et largement argumentées, nationales et internationales, dont ils ne cessent de faire l’objet.

Signez en ligne ici


Nous appelons à signer toutes les autres pétitions
pour la fermeture des centres de rétention


Les États généraux des migrations de Rouen ont lancé une pétition pour la fermeture du Centre de Oissel et de tous les CRA

[…] Monsieur le Préfet vous êtes informé : Vous portez la responsabilité de cette situation.
Nous vous demandons de libérer immédiatement tous les retenus et de proposer des hébergements et aides matérielles à ceux qui n’ont aucune solution à leurs sorties.
Nous demandons la fermeture du CRA de Oissel et de tous les CRA de France.
C’est un devoir d’humanité envers les personnes retenues et une priorité de santé publique pour la population !

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Le Cercle des voisins de Combarrieu-Toulouse : Fermez les centres de rétention !

[…] Il faut dès à présent mettre un terme aux arrestations de sans-papiers, fermer les centres de rétention et libérer ces femmes et ces hommes sans attendre que la justice ne le fasse par le simple constat que les perspectives d’éloignement sont devenues nulles.
Une lettre ouverte a été envoyée dans ce sens au Président Emmanuel Macron, elle peut être consultée sur ce lien.
Retrouvez ici la liste des signataires qui soutiennent cette initiative.

Signez en ligne ici

Les prisonniers des CRA crient Liberté, faisons de même !
Appel de mail bombing par A bas les CRA !

Les prisonniers des CRA crient Liberté, faisons de même !
Ce soir et tous les soirs à 20h : Crions à nos fenêtres pour la libération de tou.te.s les prisonniers.ères sans-papiers! Accrochons des banderoles ou écrivons partout que les CRA doivent être fermés maintenant!
Et continuons à saturer de mails les préfectures en ces temps de confinement!

Face à la crise sanitaire, l’enfermement administratif des personnes étrangères doit immédiatement cesser

Texte signé par les organisations membres de l’Observatoire de l’enfermement des étrangers : ACAT-France, Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE), Anafé, Comede, Droit d’urgence, Fasti, Genepi, Gisti, La Cimade, Ligue des droits de l’Homme, MRAP, Observatoire Citoyen du CRA de Palaiseau, Syndicat des avocats de France (SAF), Syndicat de la magistrature (SM).

Accéder au communiqué ici

Coronavirus : le MRAP demande la fermeture d’urgence des centres de rétention et la fin de la répression au Mesnil Amelot
Accéder au communiqué ici

Note info Le paria – SOS ô sans papiers

Situation dans le centre de rétention de Vincennes le 13 avril 2020

Un cinquième cas déclaré de covid-19 dans le centre de Vincennes. Les prisonniers sont soumis à des mesures punitives. Aucune amélioration de la situation.

Mais Les alertes, les appels à l’aide, les témoignages des personnes emprisonnées dans les CRA diffusées par les collectifs de soutien ont permis à la presse de s’intéresser à la situation. Des articles ont été publiés par exemple par Médiapart, Libération, ou l’AFP, repris par différents journaux. Dans la journée, le député Eric Coquerel a visité le centre de rétention de Vincennes. Dans la soirée, les conseillers régionaux du groupe Alternative écologique et sociale ont ajouté leur voix par une lettre aux autorités (reproduite ci-dessous en fin de page).

Nous adressons un message à tous les prisonniers des centres de rétention : tenez bon. Le lutte avance.

Ci-dessous, de nouveaux témoignages recueillis par téléphone depuis l’intérieur des CRA.
Ce matin 14 avril, les sans papiers enfermés au CRA de Oissel près de Rouen nous informent qu’il n’ont pas accès à l’eau pour boire ! Les robinets d’eau froide ne marchent pas. Il n’y a que de l’eau chaude et les flics ont arrêté de distribuer des bouteilles d’eau hier 13 avril.

Témoignages en direct des centres de rétention

Recueillis par SÔS – 13 avril 2020 – aux alentours de 21h00 – CRA de Vincennes


Recueillis par SÔS – 14 avril 2020 – vers 9h30 au CRA de Oissel-Rouen


Recueillis par SÔS – 12 avril 2020 – vers 11h00 au moment de l’intervention des CRS, CRA de Mesnil-Amelot


Recueillis par SÔS – 13 avril 2020 – prisonnier transféré du CRA Mesnil-Amelot à celui Oissel-Rouen

Récit de B. – CRS et transfert des retenus vers d’autres CRA, la police n’apprécie ni les médias ni les justes révoltes.

Ce matin deux équipes de CRS arrivent à 11h00 au CRA du Mesnil-Amelot, « équipés » casques, boucliers etc.

Un retenu qui fait la grève de la faim pour demander des mesures de sécurité sanitaires en urgence après l’hospitalisation de deux codétenus et d’un autre qui est malade mais la police a refusé de demander  une ambulance répondant  qu’il serait testé mardi. Tous était en contact  direct avec le Géorgien qui a été hospitalisé.

B : Soit l’avion, soit la libération. Lorsque les CRS envahissent la cour tous se couchent sur le sol.Un CRS me désigne du doigt un autre se dirige vers moi, me donne un coup de pied et de bouclier et me met devant le mur. Il me redonne un grand coup de bouclier en me disant : « regarde ce que tu as fait, tu es content ? regarde cet article de presse en me tendant son téléphone au visage » et il me supprime mon téléphone.

Ils m’ont baissé mon jogging puis palpation des parties intimes. Je suis menotté immédiatement. Je ne dis rien et reste calme, ramené à l’intérieur avec sept codétenus dans des cellules d’isolement à deux par cellule. Les cinq autres retenus sont menottés aux bancs pendant des heures de 11h à 14h. Ils nous ont proposé un déjeuner, nous refusons car nous sommes en grève de la faim, donc menottes….

Nous sommes embarqués pour être transférés sur le CRA de Rouen « loin de ta famille ! disent-ils et sans tes sacs comme les SDF ».

En arrivant au CRA de Rouen, une affiche au mur : « DANS LE CENTRE, LE PORT DU MASQUE ET DE GANTS EST INTERDIT »

Il y a une vingtaine de retenus dans le CRA de Rouen : « nous sommes considérés comme des otages. Nous n’avons pas le droit à la promenade si nous continuons la grève de la faim. Nous la continuons, j’ai même refusé une bouteille d’eau le soir ».

Les policiers nous ont avertis : « ici c’est une école de police, une fois un retenu s’est échappé il a terminé à l’hôpital, nous l’avons tabassé. Les jeunes policiers en formation sont tous armés, si tu fuis, ils tirent sur toi ».

Mes deux sacs sont restés au Mesnil-Amelot, volontairement laissés par « punition » tout comme mon téléphone supprimé.

Dans mon sac, mon extrait de naissance, tous mes papiers et jugements, mon argent, quand je leur ai demandé, la réponse brève : « rien à foutre. Tu vas arriver comme un SDF » …

Je n’ai rien à me mettre, aucun habit propre, ni argent.

Un autre codétenu, Malien, lui, a été transféré au CRA de Lille menottes au pieds et mains et scotché, quand il a demandé ses sacs, ils lui ont répondu : « tes sacs on va les jeter, lui aussi avait fait partie de la révolte de cette nuit pour demander notre libération et protection du Covid-19 ».

SÔS : Nous avons la liste des sacs de ces retenus volontairement abandonnés dans le CRA du Mesnil-Amelot avec leur contenu, dont tous les documents juridiques, papiers d’identité et argent : humiliations, et petites vengeances aux conséquences violentes. Pas de papiers, pas de carte de séjour : perte de dignité, perte d’identité, jusqu’à assister à cette contamination réelle et programmée dans d’autres CRA.

L’état devra rendre des compte sur ces crimes sanitaires et humanitaires.


Voir aussi le suivi de la situation sur le site de
Paris-Luttes.info


Lettre du groupe Alternative écologique et sociale (AES) du conseil régional d’Île-de-France

À ​Monsieur Christophe Castaner,​ Ministre de l’Intérieur
À ​Madame Nicole Belloubet​, Ministre de la justice
À ​Messieurs Thierry Coudert et Raymond Le Deun,​ Préfets de Seine et Marne et du Val-de-Marne

Saint-Ouen, le 13 avril 2020

Objet : Situation dans les CRA du Mesnil-Amelot et de Vincennes

Les nouvelles qui nous parviennent de la situation des personnes retenues dans les Centres de Rétention Administrative (CRA) du Mesnil-Amelot et de Vincennes sont alarmantes.

Ces centres compteraient respectivement 47 et 54 personnes enfermées dans des conditions que l’épidémie de COVID-19 que traverse notre pays rend particulièrement indignes.

Le 19 mars 2020, la contrôleur général des lieux de privation de liberté constatait à propos des CRA que « l’Etat [y] manque à son obligation de protéger à la fois ses agents et les personnes qu’il a lui-même placées sous sa garde » et recommandait, en l’absence de perspectives d’éloignement du territoire des personnes retenues, de « procéder sans délai à la fermeture temporaire des centres et locaux de rétention administrative »

Le 6 avril, un collectif d’associations Seine-et-Marnaises de défense des droits humains écrivaient au préfet de Seine-et-Marne pour l’alerter sur les conditions sanitaires dramatiques dans lesquelles, au Mesnil-Amelot, survivent les retenus. Elles précisent que la situation est à ce point alarmante que certains retenus suivent une grève de la faim.

Les personnes enfermées interrogées par la presse décrivent des conditions de détention inhumaines marquées par la saleté, l’absence d’hygiène, la promiscuité et le défaut complet de protection. Leur demande de masques, de gel hydroalcoolique et de tests aurait été rejetée par l’administration du centre. Les agents chargés de les surveiller ne seraient pas eux-mêmes protégés. Ce que semble confirmer la contrôleur général des lieux de privation de liberté quand elle note que l’Etat manque à son obligation de protéger ses agents.

Toujours d’après les informations qui nous arrivent, les retenus se sont rassemblés dans la cours du CRA du Mesnil-Amelot samedi soir pour protester contre ces conditions inhumaines de rétention. Pour réponse, des CRS sont intervenus le dimanche matin et les ont contraint par la force à rejoindre leur chambre. Six d’entre eux auraient été emmenés par les forces de l’ordre.

Le préfet de Seine et Marne confirme dans un communiqué de presse ce matin l’intervention des forces de l’ordre. Ce qui ajoute à l’indignité des conditions de détention de ces personnes, l’indignité avec laquelle les autorités administratives compétentes traitent ces hommes.

Hier soir, les retenus du CRA de Vincennes manifestaient à leur tour, après que, d’après eux, un quatrième cas de Covid-19 se soit déclaré. Ils demandent l’hospitalisation en urgence de leur compagnon, d’être expulsés ou libérés mais refusent d’être maintenus dans une situation qui les condamne à être contaminés les uns après les autres.

Nous exigeons qu’un tel acharnement contre des personnes qui, rappelons-le, n’ont commis aucun crime, cesse et nous nous interrogeons sur l’intérêt que les autorités de notre pays trouvent à maintenir cette centaine de personnes enfermées dans de telles conditions. L’irrégularité de leur situation administrative ne saurait justifier qu’on les expose au risque d’être contaminées au Covid-19 et, pour certaines d’entre elles, de mourir.

Nous exigeons que l’emploi de la force et de la violence contre ces hommes qui protestent alors qu’on les expose sciemment à la mort cesse également. Ces méthodes sont indignes d’une République fondée sur les droits humains.

Nous exigeons que ces personnes soient immédiatement relâchées, qu’elles soient testées et les malades, soignés et nous exigeons la fermeture des CRA.

Nous demandons également, qu’à l’instar du Portugal et face à une épidémie qui elle ne connait pas de frontières, les étranger·e·s dont la présence sur notre territoire n’est pas régulière soient régularisés le temps que durera la situation exceptionnelle que nous traversons, afin qu’ils et elles puissent prétendre aux droits minimums qui nous permettront collectivement de faire front face à l’épidémie.

Enfin, nous demandons à être autorisés à visiter dès mardi 14 avril, les centres de rétention du Mesnil-Amelot et de Vincennes afin de pouvoir constater par nous-mêmes, la situation faite à ces personnes.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, Madame la Ministre, Messieurs les Préfets, en l’expression de notre respectueuse considération.

Enfin, nous demandons à être autorisés à visiter dès mardi 14 avril, les centres de rétention du Mesnil-Amelot et de Vincennes afin de pouvoir constater par nous-mêmes, la situation faite à ces personnes.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, Madame la Ministre, Messieurs les Préfets, en l’expression de notre respectueuse considération.

Julien Bayou, Marie-Odile Bertella-Geffroy, Fanélie Carrey-Conte, François Damerval, Sandrine Grandgambe, Benoit Hamon, Samia Kasmi, Hella Kribi-Romdhane, Annie Lahmer, Mohamed Mechmache, Claire Monod, Bénédicte Monville, Roberto Romero, Corinne Rufet, Rama Sall, Mounir Satouri, Pierre Serne.

Ghislaine Senée
Présidente du groupe AES

Anne-Claire Jarry-Bouabid
Vice-présidente du groupe AES


Photo de Une : « Bordeaux : une banderole “Libre” accrochée sur la cathédrale », Ouest-France, 13 avril 2020.