Appel, communiqué
Sans-papiers : après le 30 mai, le 20 juin !
Appel de la Marche des solidarités
publié le 2 juin 2020
Le pouvoir n’entend pas ? Il faut crier plus fort ! Ci-dessous le communiqué de la Marche des Solidarités sur les suites de la journée de manifestations du 30 mai et notamment l’appel à une nouvelle journée de manifestations le 20 juin.
Sans-Papiers : Le pouvoir n’entend pas ? Il faut crier plus fort ! Après le 30 mai, le 20 juin !
Le samedi 30 mai, des rassemblements et manifestations ont eu lieu dans une vingtaine de villes, de Brest et Rennes à Strasbourg et Metz, de Lille à Nîmes et Perpignan, de Rouen et Le Havre à Lyon et Grenoble ainsi qu’à Orléans, Poitiers, Limoges… et aussi à Bruxelles et Bologne.
Au mépris du droit à manifester, la manifestation était interdite à Paris. Mais le dispositif policier a été débordé par les milliers de manifestantEs et les cortèges cherchant à accéder aux places de l’Opéra et de la Madeleine. Un cortège d’un millier de Sans-papiers et de soutiens partis des foyers de Montreuil a été bloqué par des effectifs venus en urgence d’Opéra.
Comme le montrent les nombreuses vidéos qui tournent sur les réseaux sociaux, la détermination impressionnante des Sans-Papiers a payé et la manifestation, partie de Madeleine et Opéra, a eu lieu jusqu’à République.
La Marche des Solidarités exige que le Préfet abroge les OQTF délivrées à des Sans-Papiers arrêtés lors de la manifestation et annule les amendes. Elle exige prioritairement la libération immédiate des deux Sans-Papiers déférés au tribunal ce mardi 2 juin.
Les Sans-Papiers ont été en première ligne de la crise sanitaire, soit parce qu’ils et elles ont continué de travailler, soit parce qu’ils et elles n’ont plus de revenu et se trouvent dans des situations sanitaires dramatiques. Pourtant le gouvernement n’a pas répondu aux exigences portées par cette manifestation : régularisation de touTEs les Sans-Papiers et MigrantEs, fermeture des Centres de Rétention, logement décent pour touTEs.
Le pouvoir ne veut pas entendre ? Nous allons donc augmenter le volume.
La Marche des Solidarités appelle à une nouvelle journée de manifestations le samedi 20 juin à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiéEs. Les Sans-Papiers ont montré le 30 mai leur capacité à se mobiliser, leur courage et leur détermination. Nous appelons toutes et tous, individus et organisations à se joindre à leur combat.
Nous n’attendrons pas le 20 juin et construirons cette manifestation dans les prochaines semaines.
Notamment :
La Marche des Solidarités organisera des initiatives le 13 juin dans le cadre de la campagne « Régularisation ! » lancée avec ANVITA, CIELE, Collectif Interorga de Rennes, EGM, Modus Operandi, et RUSF38.
Parce que, comme l’indiquait l’affiche pour le 30 mai, « Santé = Egalité + Liberté + Solidarité » nous appelons à participer à la journée de manifestations du 16 juin pour l’hôpital public. Nous prenons contact avec les collectifs et syndicats mobilisés pour leur proposer d’organiser un cortège avec les collectifs de Sans-Papiers dans cette manifestation et aussi de participer à la manifestation du 20 juin à nos côtés.
Enfin, parce que la lutte contre le racisme et les violences policières est à la base de la Marche des Solidarités, nous tenons à exprimer notre solidarité à la famille d’Adama Traoré et au comité Adama et partageons leur colère. Nous incitons touTEs celles et ceux qui le peuvent à se joindre au rassemblement appelé par le comité Adama ce mardi 2 juin à 19H00 devant le tribunal de Paris (porte de Clichy).
Marche des solidarités 30 mai 2020
par milliers les sans-papiers imposent le droit de manifester !
publié le 30 mai 2020 par la Marche des solidarités
La manifestation était interdite. L’appel avait été maintenu. La préfecture a mis les moyens pour empêcher tout regroupement. Mais c’était sans compter sur le nombre et la détermination, particulièrement des Sans-papiers. La manifestation a eu lieu de Opéra à République. Communiqué de la Marche des Solidarités.
Des milliers de sans-papiers ont bravé l’interdiction de la Préfecture de police de Paris et ont réussi à manifester entre 14h30 et 17h de Madeleine et Opéra vers la Place de la République, pendant qu’un cortège d’un millier de personnes parti de Montreuil a été empêché de les rejoindre.
La police a arrêté une cinquantaine de personnes au moment des premières arrivées à Madeleine et Opéra puis a chargé les cortèges cherchant à accéder sur les deux places en faisant un usage intensif de gaz lacrymogènes. Mais elle a dû abandonner face au nombre et à la détermination des Sans-Papiers. Le pouvoir s’est trompé en pensant qu’il pouvait tout autoriser sauf les manifestations de sans-papiers.
Ce sont 10 000 manifestant-es sans-papiers et soutiens nombreux, en comptant celles et ceux de Montreuil, qui sont venues de toute l’Ile de France. Des personnes de très nombreuses nationalités étaient présentes et ont montré qu’elles pouvaient défiler avec enthousiasme et détermination et en portant des masques.
Ce n’est qu’un début, l’urgence sanitaire, économique, sociale a fait sortir les sans-papiers dans la rue. Ils et elles demandent justice, égalité, dignité, ils et elles n’en resteront pas là. Ils et elles ont aussi montré que la liberté de manifester est un droit qui se gagne.
A l’heure où nous écrivons la plupart des personnes arrêtées ont été libérées. Une d’entre elles est toujours retenue. D’autres ont été interpellées après le départ de République. La Marche des solidarités exige la libération de toutes et tous, l’abandon de toute poursuite et des OQTF.
Nous n’en resterons pas là. La Marche des Solidarités invite tous les collectifs à se réunir pour discuter des suites, les sans-papiers à s’organiser encore plus, les soutiens à renforcer leur solidarité. Le monde d’après c’est maintenant et il passe par la régularisation de touTEs les Sans-Papiers.
Nous communiquerons ce mardi sur les prochaines propositions de mobilisation et fera le point sur les initiatives qui ont eu lieu dans les autres villes.
Interdite ? Pas du tout !
Retour sur la Marche des solidarités le 30 mai 2020
publié par Paris-Luttes.info le 1er juin 2020
Malgré l’interdiction et les intimidations, la traditionnelle marche des solidarités, qui devait avoir lieu originellement le 21 mars a pu se dérouler. Une superbe manif qui nous a rappelé la force et le travail d’auto organisation exemplaire des sans papiers.
A l’arrivée à Opéra à 14h le ton est donné. Quelques brigades de flics patrouillent et contrôlent tout ce qui ressemble à un sans papier (autrement dit dès qu’un mec noir passe par là). Une nasse d’une trentaine de personne se forme avec un panier à salade à côté. Le dispositif policier est néanmoins très allégé par rapport à ce qu’on a pu connaître. Visiblement, la préfecture a pensé qu’on serait 400. Erreur.
A quelques centaines de mètres de là, un plus gros groupe se rassemble, cette fois sans être nassé. Ce groupe est composé à 95% de sans papiers et de militants des foyers. L’extrême gauche reste invisible, elle se montrera un peu plus tard dans la manif.Le groupe grossit sous surveillance policière mais dans une ambiance bon enfant. Une nasse s’est semble t-il créée derrière les lignes de flics. La situation est néanmoins confuse. En parallèle d’autres personnes essaient de se rassembler vers Opéra. C’est un peu plus tendu puisqu’on a des échos de camarades présents là-bas qui se font gazer. On apprend également qu’un cortège de sans papiers au départ de Montreuil et qui tentait de joindre à pied République (le terminus de la manif) depuis Nation s’est fait charger aux alentours de Charonne.
Du coup le groupe de Madeleine décide après de multiples tergiversations de repartir vers Opéra. On est un gros cortège d’au moins un millier de personnes. La remontée se fait pleine de dynamisme : on nous entend de loin, le pas est déterminé. Une fois arrivé·e·s place de l’Opéra les affrontements qui étaient en cours à ce moment-là continuent un peu mais l’équipe de voltigeurs présents sur place décide sagement de se calmer au vu de la masse de personnes présentes. Il faut dire que le cortège est de plus en plus gros. Le flics ne peuvent rien. Ils avaient visiblement pas prévu ça. On est maintenant plusieurs milliers. Il semble bien que plein de gens attendaient dans les rues adjacentes. Les flics n’ont d’autres option que de nous laisser partir rue du 4 septembre. Rue du 4 septembre c’est justement le parcours qui avait été déposé en préfecture et interdit. On va donc faire une manif dans les clous de ce qui avait été déposé, mais sans autorisation. De toute façon maintenant on est trop nombreux et nombreuses pour que les flics puissent faire n’importe quoi. On est plus de 5000 a priori (c’est le chiffre que donnera la préfecture à l’issue de la journée). L’ambiance est super bonne et le soleil qui tape fort nous aide bien. Les slogans «solidarité avec les sans papiers» résonnent bien haut, le cortège fait du bruit sur tout le parcours. Les distances de plus d’un métre ne peuvent pas être respectées, il y a trop de monde. Par contre on a pas vu une seule personne à cette manif sans masque.
Les flics, impuissants jusqu’à la moelle, ne se montrent quasiment pas le long du cortège et sont contraints d’envoyer un hélico (pas très cop21 tout ça) pour voir où et combien on est dans Paris. En fait ils savent très bien et l’hélico ne sert à rien c’est juste pour nous foutre la pression. Un coup de pression qui coûte cher au contribuable [En 2014 le prix de l’heure d’hélico de la gendarmerie était évalué à 1500 euros environ] et un coup de pression totalement inutile puisqu’il ne sert qu’à enclencher les vivas de la foule à chaque passage.
Le cortège se finit tranquillement à République où d’autres sans papiers nous attendent déjà. L’ambiance, ponctuée de tambour et de chant est au beau fixe. Une vingtaine de minutes après l’arrivée de notre cortège à République, un autre gros cortège venant d’Ivry et ayant fait le parcours après nous arrive. La place de la République est pleine; on s’y attarde pas beaucoup de notre côté — en revanche du monde reste sur la place — car la pref a semble-t-il mis un peu plus de moyen sur la place : des rangées de CRS sont positionnées sur toutes les sorties, et on sent que ça peut se transformer en nasse.
Un peu plus tard, on voit des camions de pompier filer vers République, et on voit un cortège d’une centaine de sans-papiers se faire pousser avenue de la République par des CRS. Là encore, à chaque poussée, on voit le racisme des flics qui n’interpellent que les personnes racisées. Une vingtaine de personnes se feront embarquer au croisement avec la rue Jean-Pierre Timbaud.
Au final, la préfecture a communiqué sur 92 arrestations. C’est beaucoup. On a eu très peur car de nombreuses personnes sont sans papiers. Ces derniers sortaient tous peu à peu. Il était en effet compliqué de leur mettre quelque chose sur le dos. Il n’y a eu aucune dégradation et pas d’affrontements réels avec les flics. Qui plus est, il a été noté une formidable solidarité entre les interpellé.es. Tout le monde a refusé de donner ses papiers (quand les gens en avaient) ce qui a obligé les flics à embarquer tout le monde. Dans les bus, les gens se sont organisés, ont monté une liste de personnes afin de transmettre les identités à la légal team. Très grosse organisation.
En conclusion on peut noter que les sans papiers ont montré une détermination sur laquelle nous devons prendre exemple. Leur faculté d’organisation et de solidarité contraste avec les difficultés d’organisation inhérentes à leurs conditions (horaires de travail, vie dans les foyers…) et jette un éclairage sévère sur l’incapacité à offrir des cadres organisationnels et collectifs de la part de l’extrême gauche dans toutes ses tendances. Extrême gauche qui a été encore trop peu présente. Peur des flics? Nous ne risquons pourtant pas grand-chose par rapport à des sans papiers qui peuvent se faire expulser du jour au lendemain. Peur du virus? Et eux, ils n’ont pas de raisons de se faire contaminer?
La séquence de lutte qui s’ouvre va être déterminante.
Prochain rendez vous d’ampleur le 16 juin avec les soignant·e·s!!!
Bilan de la Marche des solidarités du 30 mai
Publié le 30 mai 2020 par l’Anticapitaliste
Bilan de l’extraordinaire journée de mobilisation des sans-papiers dans de nombreuses villes, des marches des solidariés qui ont tenu face à la répression, avec Denis Godard.
«Les rodomontades, la peur de la répression ont été balayées. Maintenant, avec les sans-papiers, touTEs ensemble, il faut y aller !»
Malgré l’interdiction, des milliers de personnes défilent à Paris pour les sans-papiers
Vidéo publiée par Le parisien le 30 mai 2020
Photographies de la Marche des solidarités
Album photographique publié par Serge D’Ignacio le 1er juin 2020
Photo de Une : Serge D’Ignacio – Manifestation des sans papiers 30 mai 2020