Communiqué, Appel
13e commémoration de la mort de Lamine DIENG
Samedi 20 juin 2020 à 13:12
RDV Place de la République à Paris
APRÈS 13 ANS DE LUTTE, L’ÉTAT FRANÇAIS RECONNAÎT SA RESPONSABILITÉ
Mains menottées, pieds sanglés, à plat ventre, le poids de plusieurs policiers agenouillés sur le corps pendant 30 minutes, Lamine est mort écrasé par environ 300 kg le 17 juin 2007. Lamine a subi 2 techniques policières d’étouffement : la clé d’étranglement avec matraque et le plaquage ventral.
Lamine est mort par asphyxie mécanique, à 25 ans.
La vidéo montrant la mort de George Floyd illustre parfaitement la mise à mort de Lamine.
Lamine a été victime de la haine anti-Noir et du racisme qui sévit dans la police.
La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a rendu son arrêt sur le meurtre de Lamine, conformément à la Convention européenne des droits de l’homme.
Oui, Lamine avait droit à la vie. (art. 2)
Oui, Lamine a subi un traitement inhumain et dégradant. (art. 3)
L’État républicain français, pour clore les poursuites à son encontre, a accepté de verser à la famille la légitime indemnisation fixée par la CEDH. Par cet acte, il reconnait (1) que plusieurs de ses agents ont infligé en groupe la mort à un homme non-armé qui ne les menaçait pas, (2) que plusieurs de ses agents ont failli à leur devoir qui était de conduire un procès équitable pour rendre justice.
Oui, Lamine a été massacré par la police et déshumanisé par la justice.
Nous avons franchi une étape.
Poursuivons le combat pour le triomphe de la Vérité et de la Justice !
#LaissezNousRespirer ! #STOPRacismeAntiNoir ! #STOPAuxCrimesPoliciers ! #STOPALImpunité !
Sans justice pas de paix
Pas de paix sans justice
Interview de Ramata Dieng
Vidéo publiée le 17 juin 2020 par Spot Afrique
Communiqué de la famille de Lamine Dieng
Il y a treize ans, le 17 juin 2007, notre fils, frère et oncle Lamine Dieng a été massacré par plusieurs policiers.
Plaqué au sol face contre terre, chevilles et poignets menottés ensemble dans le dos, traîné sur le bitume puis maintenu à plat ventre dans un fourgon de police, le poids de quatre agents sur lui. Lamine est mort asphyxié, le corps marqué de 30 hématomes. Son calvaire a duré une demi-heure.
Lamine avait 25 ans.
Depuis treize ans, notre famille se bat pour obtenir la vérité, la justice et la paix pour Lamine.
D’interminables années de procédures face à une machine judiciaire qui persistait à considérer ce crime comme un non-lieu. D’année en année, des magistrats nous ont dit que la mort d’un jeune homme noir sous les coups des policiers est un non-événement.
Depuis treize ans la justice française répète à notre famille que ces décès sont une chose ordinaire et normale pour les forces de l’ordre en France.
Nous avons vécu treize années de combat contre le déni de justice, face à une institution qui nous a systématiquement refusé un procès pour les responsables de la mort de notre fils, frère et oncle.
Mais le 4 juin dernier, l’arrêt rendu par la Cour européenne des Droits de l’Homme a entériné la culpabilité de l’Etat français, qui reconnaît sa responsabilité dans ce crime policier qui a tué Lamine. C’est une victoire !
Et pourtant, comme tout le monde l’a vu et entendu hier soir, alors qu’un mouvement international massif, historique, fait descendre les foules dans la rue contre le racisme policier et contre les violences impunies des forces de l’ordre, le président Macron n’a pas eu un seul mot pour les victimes insultées, humiliées, tabassées, blessées, mutilées ou tuées ces derniers mois.
Durant le seul mois d’avril dernier, dix hommes sont morts suite à une intervention policière. Dont quatre durant leur garde-à-vue au commissariat. Mais le président du comité de sauvegarde des statues d’esclavagistes n’a pas eu un mot ni une pensée pour ces victimes humaines.
Le chef de l’État a préféré insulter et dénigrer les dizaines de milliers de Français qui se rassemblent dans tout le pays pour manifester contre le racisme et réclamer la vérité et la justice, en les considérant ouvertement comme des ennemis intérieurs menaçant la République. Plutôt que de nous entendre, le « gardien de la constitution » a préféré reprendre le langage de l’extrême droite et nous coller une cible sur le dos pour nous désigner aux forces de l’ordre.
Comme chaque année depuis 2007 nous vous invitons donc à nous rejoindre pour célébrer la mémoire de Lamine.
Mais cette année est particulière !
En raison de notre victoire à la Cour européenne, en raison du confinement et de la multiplication des abus policiers et bien sûr en raison du mouvement international de solidarité contre le racisme policier et de la surdité du pouvoir, nous vous attendons massivement contre l’impunité des violences des forces de l’ordre et pour soutenir et faire entendre les voix des familles de victimes, des blessé.e.s et des mutilé.e.s
Ce samedi 20 juin, rejoignez partout en France les familles présentes dans les événements organisés. Chacun avec son masque et dans le respect des gestes de protection.
À Paris, rendez-vous place de la République, à 13h12, pour la marche #LaissezNousRespirer ! autour du quartier de Ménilmontant où habite notre famille.
Nous ne nous laisserons pas intimider par un président dont la seule réponse est de se cacher derrière ses policiers pour appliquer des politiques toujours plus brutales rejetées par la majorité de la population.
Pour garantir l’État de droit, nous exigeons :
• l’abrogation de l’article « permis de tuer » L435-1, de la loi de sécurité de 2017
• l’interdiction des techniques d’étouffement
• l’interdiction des armes de guerre (LBD, grenades) et des pistolets électriques sur la voie publique
• la suppression de l’IGPN et la création d’une institution indépendante pour enquêter sur les plaintes déposées contre les forces de l’ordre
• la radiation définitive de tout membre des forces de l’ordre ayant commis des actes ou tenu des propos racistes.
Comme on dit chez nous : #PasDeJusticePasDePaix
#JusticePourTous #LaissezNousRespirer #LaissezNousPasser