Biennales TRACES 2018
Histoires, mémoires et actualités des migrations
en Auvergne-Rhône-Alpes
5-30 novembre 2018
Le paria est invité à faire une communication le 16 novembre 2018 à Valence, aux journées “Témoigner de l’expérience, des mémoires et des héritages des migrations”, dans le cadre des biennales TRACES 2018 “Monde en migration”.
Témoigner de l’expérience, des mémoires et des héritages des migrations
Organisation : Centre du patrimoine arménien / ethnopôle « Migrations, Frontières, Mémoires », DRAC, CMTRA, réseau Traces, en partenariat avec le festival Migrant’scène (Cimade)
16 novembre à Valence auCentre du patrimoine arménien, et à Porte-lès-Valence au Train-Cinéma
Rencontre tout public sur inscription
Information et réservation (obligatoire pour buffet)
Enjeux de la journée
Réfléchir aux enjeux éthiques, politiques et méthodologiques que soulève la production d’un témoignage en rapport avec l’expérience migratoire. Celle-ci peut être passée ou présente, directe ou indirecte et concerner la personne en situation de migration, l’ “immigré” ou ses descendants, ainsi que tout ceux qui les côtoient (personnel des administrations et des structures d’accueil, chercheurs, bénévoles, activistes, reporters, artistes).
Considérant la migration en tant qu’une « expérience » de soi, d’autrui et du monde, nous interrogerons les différentes manières de mettre en récit un moment vécu ou transmis, les dispositifs pour capter la parole d’autrui, mais aussi la restituer et plus largement la faire résonner dans l’espace public. Il s’agira de questionner notre rôle, nos postures ou nos pratiques.
Nous distinguerons :
– le témoignage contraint dans le cadre d’une injonction policière ou administrative (demande d’asile) qui peut s’apparenter à un interrogatoire.
– le témoignage comme objet de connaissance/reconnaissance dans le champ académique, dans la production artistique et plus largement dans l’espace public.
Deux sessions successives rassembleront, témoins-acteurs-chercheurs.
Programme de la journée
Accueil-café à partir de 9h30
Mot de bienvenue : Laure Piaton (directrice du Cpa), Bruno Guichard (président de Traces) Antoine Saillard (CMTRA)
Introduction au thème de la journée : Marina Chauliac (conseillère pour l’ethnologie DRAC, anthropologue IIAC), Philippe Hanus (ethnopôle « Migrations Frontières Mémoires »)
10h30-12h30 – 1ere session : « Faites entrer le témoin ! »
Le témoignage contraint à travers le parcours de demandeur d’asile
Ouverture : un court métrage.
Marie-Noëlle Fréry (avocate au barreau de Lyon) ; Dany Makeieff (formatrice ARFRIPS-Lyon) (sous réserve) ; Mathilde Dubesset (déléguée régionale de la Cimade) ; Giacomo Mantovan, anthropologue (EHESS-CEIAS, Paris).
Synthèse et discussion : Smaïn Laacher (sociologue, Université de Strasbourg/ EHESS)
Animation/modération : Clémentine Méténier (reporter indépendante Grenoble)
12h30 : « apéro-performance » : cartes postales sonores de Vénissieux (Rhône), Serge Sana et Xavier Saïki (La tribu hérisson, Lyon).
14h 30-16h 30 – 2e session : « J’ai des choses à vous dire ! »
De quelques prises de parole de personnes ayant vécu directement ou indirectement l’expérience migratoire
Ouverture : archives audio-visuelles des années 1980-90
Warda Houti (réseau Traces, Lyon) ; Mogniss H. Abdallah (agence IM’média, Paris) ; Sarah Clément (Génériques, Paris) ; Karine Gatelier-Séréna Naudin (Modus Operandi, Grenoble) ; Laurent Bazin et Mohamed Bridji (collectif Le Paria, Paris).
Synthèse et discussion : Jacques Barou, socio-anthropologue, CNRS-PACTE Grenoble
Animation/modération : Philippe Hanus (Cpa)
17h, visite de l’exposition :« Nous et les autres. Des préjugés au racisme » et du nouveau parcours permanent du Cpa
20h 30 (tout public) : Spectacle musical « Là où vont nos pères »autour de la BD de Shaun Tan, par Florent Hermet, dans le cadre du festival Migrant’scène.
Lieu : Le Train-cinéma, 1 Rue Louis Aragon, 26800 Portes-lès-Valence (participation libre)
Biennales TRACES 2018
Programme
Accéder au programme complet sur le site de TRACES
Ce qu’on appelle aujourd’hui migration est la confirmation, dans un contexte dit désormais mondialisé sur le plan économique, télé-technologique, environnemental… de ce que les dites précédemment émigrations-immigrations de différentes natures ont toujours indiqué : le monde est en mouvement depuis toujours. Ce mouvement est à la fois sensible aux contextes de ses époques et déborde, dans le contexte actuel, les velléités à l’ordonner ou à le stopper… Ce ne sont pas les migrants qui font ou qui sont en « crise », ce sont nos manières de penser le mouvement migratoire dans la logique de son présent : un monde « liquide » qui se dissémine hors de ses frontières internes, réelles et imaginaires, au sein desquelles nous continuons à le penser… C’est en fait le monde dit stable (depuis les grands mouvements migratoires au tournant du 19e -20e siècle, violents et conquérants ou pacifiques ou d’intérêts) qui est en crise d’accueil de ce qui lui arrive : dérégulé et déstabilisé de nouveau (résultat paradoxal de sa stabilité même !), il se régule autrement dans ses étendues, ses opportunités et l’ampleur de ses mouvements. Il devient «Tout-monde »…
Traces, réseau Histoire-mémoires des im/migrations dans la région Auvergne- Rhône-Alpes (deuxième région actuelle à recevoir des « migrants »), interroge depuis le début de ce siècle les traces de ces dernières sur son territoire. Celles qui l’ont marqué par le passé et celles qui, aujourd’hui, dessinent ses devenirs.
Cette histoire, ce sont les acteurs de la région qui la fabriquent. Et d’abord les acteurs des événements migratoires eux-mêmes (aujourd’hui les demandeurs d’asile, les mineurs non accompagnés, les rescapés des guerres et catastrophes diverses, les « choisis » ou qui ont « vocation » à rester comme les dits « subis », abandonnés sans papiers, sans droits, etc.). Et également ceux qui les accueillent, dans le cadre du dit droit des étrangers ou à côté… ainsi que ceux qui les obligent à quitter le territoire !…
Traces est une sorte d’observatoire qui témoigne, au niveau de la région, des dialectiques en cours autour des migrations. Acteurs divers (chercheurs, culturels, sociaux, patrimoniaux, militants, institutionnels et « migrants ») y contribuent. Les uns et les autres participent à éclairer le phénomène « im/migrants », ses dits et ses non-dits, son passé et son actualité, ses réalités et ses représentations, ses politiques et ses poétiques… Sa « biennale » est un rendez-vous régional de synchronisation des temporalités des mémoires et des générations, des diversités et de leur « en-commun », des traces et des devenirs, du local et du global, etc. Un rendez-vous avec des vérités novatrices qui n’ont que peu à voir avec les ressassements de l’éternel étranger menaçant !
Chaque biennale de Traces est d’abord celle des acteurs divers qui la font. Ils participent à la construction d’une image de la région fidèle à sa mémoire : hospitalière, ouverte et à la hauteur de ses ambitions au sein du monde. Celle-ci, comme toutes les autres, leur est donc dédiée.