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Édouard Philippe a annoncé ce matin l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant.e.s étranger.e.s extra-communautaires. Au lieu de payer 170€ comme les étudiant.e.s français.e.s, nous devrons donc payer le tiers du coût réel des études soit près de 2800€ en licence et 3800€ en master et en doctorat !
Monsieur le Premier Ministre, Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur, vous allez empêcher des centaines d’étudiant.e.s comme moi de venir étudier en France !
Avec des frais d’inscription aussi élevés, qui s’ajouteraient à l’ensemble des coûts déjà très élevés que nous devons payer (coût du dépôt de dossier à campus france, 75 à 200€ en fonction des pays pour le test de français, 79 à 269€ pour le timbre fiscal nécessaire au titre de séjour, 90€ pour la CVEC, logement, transport prix des manuels…), je n’aurais jamais pu venir étudier en France !
Quand on est étudiant.e.s étranger.s en France, on doit déjà faire face aux mêmes galères que les étudiant.e.s français.e.s. Mais en plus de cela, on subit une précarité encore plus forte.
En effet, nous sommes confronté.e.s à des nombreux obstacles, qu’ils soient administratif, sociales et pédagogiques. Administratifs car il est très compliqué d’obtenir un titre de séjour et une inscription en France (les démarches sont très nombreuses), sociale car nous n’avons pas accès aux bourses sur critères sociaux (seuls un très faible nombre d’entre nous ont accès à des bourses au mérite ou à des bourses financées par leur pays d’origine) et pédagogique car le fait de pouvoir rester en France ne dépends parfois ni de nous ni de l’université. En effet si la préfecture pense que nous nos études n’ont pas de caractère “réels et sérieux” elle peut décider de ne pas renouveler notre titre de séjour. En plus, rien n’est fait au sein de nos établissements pour nous permettre de réussir !
Le gouvernement affirme que cette réforme doit permettre d’attirer les “meilleurs” en France. Ce serait, soit disant, une réforme “d’équité” parce que les étudiant.e.s étranger.e.s “fortuné.e.s” paieraient notamment pour financer les bourses des étudiant.e.s étranger.e.s les plus précaires. En réalité, cette réforme va avoir une seule conséquence : fermer les portes de l’université à tou.te.s les étudiant.e.s qui comme moi n’ont pas les moyens de payer aussi cher !
Mêmes études mêmes droits: Il faut renoncer à l’augmentation des frais d’inscription des étudiant.e.s étranger.e.s hors UE !
Je vous demande donc aux côtés de nombreuses organisations, comme l’UNEF (l’Union Nationale des Etudiants de France), l’UEAF ( Union des Etudiants Algériens de France), l’UESNF ( Union des Etudiants et Scolaires Nigériens de France), la FESSEF ( Fédération des Etudiants et Stagiaires Sénégalais en France), l’ADEM ( Association des Diplômés et Etudiants Maliens), l’ADEEF ( Association des Etudiants Egyptiens de France), l’AJGF ( Association des Jeunes Guinéens de France), l’UEVF ( Union des Etudiants Vietnamiens de France) et Colcrea (Asociacion de Estudiant y Creadores Colombianos en Francia) de renoncer à l’augmentation de nos frais d’inscription au nom tout simplement de l’égalité. Nous étudions dans les mêmes amphis que les étudiant.e.s français.e.s, nous devons pouvoir avoir les mêmes droits !
Vous aussi aidez-nous en signant cette pétition et en la partageant sur les réseaux sociaux !
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Articles sur Libération
Études supérieures : la France va augmenter les frais de scolarité des étrangers extra-européens
publié le 19 novembre 2018 par Libération
A compter de la rentrée 2019, le gouvernement souhaite mettre en place des tarifs plus élevés pour les étudiants étrangers qui souhaitent s’inscrire à l’université en France.
Environ 100 000 étudiants étrangers résidant hors de l’espace économique européen ne seront plus logés à la même enseigne que leurs camarades en France. Ils devront, en plus de leur loyer et des frais qu’implique tout séjour d’un étranger, payer des frais de scolarités beaucoup plus élevés. Dès la rentrée 2019, un étudiant étranger va devoir multiplier ses frais par seize. Pour son année de licence, il payera 2 770 euros au lieu de 170 euros et pour son master, 3 770 euros à la place de 243 euros. Cette hausse spectaculaire fait partie d’une série de mesures annoncées ce lundi par le gouvernement.
Le gouvernement explique qu’il s’agit d’«un tiers du coût réel» d’un étudiant étranger pour les finances publiques. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a par ailleurs précisé ce lundi que cela servirait à financer des bourses et améliorer les conditions d’accueil. Et de souligner que la France ambitionne de porter d’ici 2027 à 500 000 le nombre d’étudiants étrangers qu’elle accueille chaque année, contre un peu plus de 300 000 actuellement. (lire l’article)
Vers des études payantes pour tous ?
publié le 20 novembre 2018 dans Libération
L’annonce par le gouvernement d’une hausse des frais d’inscription pour les étudiants non européens est une décision injuste car elle privera d’accès à l’Enseignement supérieur de bons étudiants ayant peu de ressources. Sans compter qu’elle vise à diviser les étudiants. Manière de préparer une hausse générale ?
Le gouvernement revient sur un engagement d’Emmanuel Macron. Se prépare-t-il à lancer les premières manœuvres d’une attaque encore plus violente et sans précédent contre l’éducation publique et gratuite ? Edouard Philippe vient d’annoncer, lundi, une hausse des frais d’inscription pour les étudiants non communautaires, en les portant à 2 770 euros en licence et 3 770 euros en master. Nous avions annoncé depuis plusieurs années dans des articles et tribunes qu’une telle décision arriverait, en préfiguration d’une hausse généralisée. Dans les prochaines années, il faudra ainsi prévoir entre 4 000 et 8 000 euros par an en licence et autour de 10 000 euros par an en master, et ce pour tous les étudiants, comme le suggère une note remise au candidat Macron en 2017.
Bien sûr, l’exécutif n’a pas annoncé les prochaines étapes d’une généralisation des frais d’inscription à l’ensemble des étudiants. Ce serait mettre l’ensemble de la jeunesse dans la rue. La stratégie est autrement plus subtile : elle consiste en effet à réformer par étapes, en segmentant les populations pour leur ôter toutes capacités de mobilisation.
Disons-le d’emblée, la seule annonce de lundi devrait susciter une réaction d’indignation tant elle est injuste et contre-productive : elle est injuste car elle privera d’accès à l’enseignement supérieur de bons étudiants ayant peu de ressources. Elle est contre-productive car elle entravera les coopérations entre établissements français et étrangers. Ajoutons qu’elle semble méconnaître la réalité car, comme le mentionne une étude commandée par Campus France en 2014, les étudiants non communautaires font vivre l’économie et rapportent bien davantage (4,65 milliards d’euros) qu’ils ne coûtent (3 milliards d’euros). Le gouvernement propose certes le triplement des bourses et des exonérations, mais cette usine à gaz ne résoudra rien.
Généralisation des frais à tous
Augmenter les frais d’inscription visant les étrangers non communautaires n’a, en fait, d’autre sens que d’ouvrir en douceur la voie d’une généralisation de ces frais à tous.
Procès d’intention, penseront certains. Pas vraiment si l’on observe qui conseille le président de la République. L’offensive a été relancée par le professeur d’économie Alain Trannoy dans une tribune parue dans le Monde du 9 novembre : fidèle à sa position maintes fois répétée, il y défend le relèvement des droits d’inscription (de 3 000 à 5 000 euros par an en master) assorti d’une refonte du système de bourses pour les étudiants les plus modestes, et surtout la mise en place d’un système de prêts à remboursement contingent au revenu. Or son coauteur habituel sur le sujet n’est autre que Robert Gary-Bobo, l’auteur d’une note pour l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron préconisant une réforme par étapes devant aboutir à des frais de scolarité élevés pour tous ! (lire l’article)