Paru le 15 janvier 2017 en tribune dans Libération et dans QUARTIERSXXI
La mort d’Adama Traoré nous concerne tous
Cet appel a été rédigé et les premières signatures collectées avant l’horreur de l’agression policière subie par Théo Luhaka, à Aulnay-sous-Bois, qui rappelle que les violences des forces de l’ordre de sont pas des faits isolés.
Nous artistes, sportifs-tives, comédien-nes, écrivain-es considérons que la mort d’Adama Traoré n’engage pas seulement ses proches mais l’ensemble de notre pays, de notre société.
Cet été, à Beaumont-sur-Oise, un jeune Français est mort entre les mains des forces de l’ordre, le jour de ses 24 ans. Et, depuis six mois, ce qui aurait pu n’être qu’une énième « bavure » meurtrière illustre jour après jour l’impunité de certains gendarmes et policiers en France, telle qu’elle est depuis longtemps dénoncée par les organisations des quartiers populaires et les comités de soutien aux victimes, et par Amnesty International depuis 2009.
(Lire la suite et signer l’appel)
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Paru le même jour en tribune dans Libération, ce second texte
Lettre d’un élu de république à l’avenir
Rédigé par Steevy Gustave, ex-maire adjoint de Brétigny-sur-Orge, ce texte est signé par des dizaines de personnalités qui appellent à se mobiliser contre les violences policières après l’affaire «Théo» du 2 février.
Cher avenir,
Si aujourd’hui j’accours vers toi, ce n’est pas pour te parler de mon devenir mais plutôt de ceux qui ont le visage aussi sombre que leur futur. Tout n’est pas forcément noir mais combien de marches blanches faudra-t-il pour être entendu, et retrouver l’espoir ?
Je sais que tu n’aimes pas revenir sur le passé alors ce soir, je ne te parlerai pas de Zyed, Bouna, Lamine, Mohamed, Bertrand, Malik, Jonathan… J’arrête là car la liste serait trop longue. Je ne te parlerai même pas, dans un passé bien récent, voire encore présent, d’Adama Traoré. Mais laisse-moi avoir quand même une pensée pour eux et leur famille.
Ce soir, je te parlerai de Théo, ce petit Théo au parcours sans histoires. Sans histoires jusqu’au jour où il a croisé quatre uniformes. Je sais que tu voudrais que je dise «policiers», mais ces monstres ne peuvent être associés aux forces de l’ordre qui nous protègent et sauvent des vies au péril des leurs. Non, ces agents du désordre sont bel et bien des brebis galeuses.
Est-ce une bavure, un fait divers de plus qui sera, lui aussi, classé sans suite ? Je ne l’espère pas car ce soir-là c’est bien un acte abject envers un gamin qui a eu lieu. Hier, une question m’a traversé. Moi, le fils de militaire, pupille de la Nation qui ai toujours évité les partis pris et les amalgames de toute sorte, qui ai condamné sans distinctions toutes les barbaries (comme celles commises sur la police, de Magnanville à Viry), qu’aurais-je fait si des uniformes avaient touché mon fils ? Aurais-je réagi avec la même dignité que la famille de Théo ? La haine de ces uniformes qui auraient souillé, piétiné, maltraité ma République et mon sang n’aurait-elle pas pris le dessus ? Parce que dans mon passé, l’uniforme représente le respect, la dignité humaine, le sacrifice, mais surtout il représente le «père», donc la protection de tous ses enfants sans aucune discrimination.
Pourquoi sont-ils encore dehors ? ⇒ Lire la suite