Maître Liénard : un avocat au service de l’Ordre
publié le 23 novembre 2016 sur Paris-Luttes.info
Il est un homme qui incarne à lui-seul les logiques violentes et corporatistes de l’État : Me Laurent Franck Liénard. Nous avons jugé utile de le présenter, pour que chacun puisse comprendre la manière de penser de ceux qui font de nos vies des enfers sécuritaires.
Liénard a prêté serment en février 1992, à l’issue d’études doctorales en droit des affaires (contentieux commercial, droit contractuel) et en ingénierie de la sécurité (à l’IHESI). Depuis cette date, il s’est peu à peu érigé en spécialiste du droit des armes, faisant chaque jour la démonstration d’une passion sans limites pour les flingues. Officier de réservé de la Gendarmerie, il est également membre de l’association internationale des instructeurs de tir de police (IALEFI), membre de la commission de discipline d’appel de la Fédération Française de Tir, maître instructeur pour le Taser et donne des cours à l’Ecole Nationale Supérieure de la police de Saint Cyr au Mont d’Or (formation des commissaires de police), à l’Ecole Nationale Supérieure des Officiers de Police de Cannes-Ecluses (formation des officiers de police) et à l’Ecole Nationale d’Administration Pénitentiaire d’Agen. Il conseille également des armuriers et grossistes.
En tant qu’avocat, il défend régulièrement les membres des forces de l’ordre, se mettant au service de tous les flics qui sont mis en cause ou victimes dans des affaires où ils ont fait usage de leurs armes de service, auprès des commissions de discipline, mais aussi s’ils ont été l’objet de décisions leur portant grief (notation, mutation, refus d’avancement…). Il intervient également dans les litiges concernant la détention des armes par les particuliers, tant devant les tribunaux administratifs (refus d’autorisation, décision de retrait d’autorisation, refus de renouvellement….) que devant les juridictions pénales (détention d’armes prohibée).
À ce titre, il a été le conseil des mis en cause suivants (pour n’en citer que quelques-uns) :
• Mathieu LEGLISE, policier auteur du tir de LBD 40 qui a mutilé à l’œil Pierre Douillard, 17 ans, le 27 novembre 2007 à Nantes.
• Boris ROUMIANSTEFF, gendarme auteur du tir de Flashball qui a mutilé à l’oeil Nassuir Oili, 9 ans, le 7 octobre 2011 à Longoni.
• le policier auteur du lancer de grenade de désencerclement qui a gravement blessé au visage Romain Dusseaux, 28 ans, le 26 mai 2016 à Paris.
• les deux policiers auteurs des tirs qui ont tué Abdoulaye Camara, 30 ans, le 16 décembre 2014 au Havre.
• le policier qui a frappé de plusieurs coups de poings au visage Didier Léon, 67 ans, lors d’un « contrôle routier » le 7 février 2014 à Paris.Avocat de la légitime défense…
Auteur de l’ouvrage « Force à la loi », il défend âprement la légitime défense pour les policiers et le port d’arme par les policiers municipaux, y compris en dehors des heures de service […] (Lire l’article)
Affaire Benalla. Maître Laurent-Franck Liénard, l’avocat des flics (même des faux)
Libération, 27 juillet 2018
Le spécialiste du droit des armes et de la défense des forces de l’ordre, qui a toujours eu une «très forte vocation policière», est devenu avocat alors qu’il préparait le concours de commissaire.
« Ce n’est plus un avocat de flics, c’est un avocat de faux flics !» La plaisanterie, lâchée par un confrère, résume bien la bizarrerie de l’affaire. En boucle depuis 72 heures sur les radios et les plateaux télé, Me Laurent-Franck Lienard, incontournable allié des poulets, assure la défense d’Alexandre Benalla, ex-collaborateur proche d’Emmanuel Macron. Comment l’un des meilleurs avocats de flics de France s’est-il retrouvé à représenter le bodyguard, mis en examen notamment pour «port public et sans droit d’insignes réglementés» ? Le conseil de 52 ans n’y voit aucune contradiction, pas même un début d’ironie. Et de rappeler les fondamentaux, droit dans ses bottes : «Ce n’est pas parce qu’on défend quelqu’un qu’on endosse la responsabilité de ses actes. » […]
D’habitude, Laurent-Franck Lienard plaide pour de vrais flics, qu’ils soient mis en cause dans des affaires de violences ou eux-mêmes victimes. Certains des gendarmes ayant interpellé Adama Traoré avant qu’il ne décède ? C’est lui. Le brigadier-chef, auteur du tir de la grenade de désencerclement ayant touché gravement un photographe lors d’une manifestation contre la loi Travail ? Lui aussi. Certains des policiers blessés lors d’une attaque aux cocktails Molotov à Viry-Châtillon (Essonne) ? Lui encore. Cela fait vingt-six ans que son nom circule dans la maison poulaga, comme on se refilerait le mot de passe d’une caverne aux merveilles. […]
« J’ai sauvé des centaines de carrières», se targue l’homme au visage taillé à la serpe, annonçant fièrement «2 000 affaires» au compteur. Parangon de sa renommée dans le milieu, son mois de juillet a été particulièrement chargé : d’abord au côté de la famille d’Aurélie Fouquet après l’évasion de Redoine Faïd, puis du CRS ayant tué le jeune Aboubakar Fofana lors d’un contrôle à Nantes, et enfin d’Alexandre Benalla… La motivation de ce père de deux enfants de 17 et 5 ans carbure aux «rares» remerciements des fonctionnaires qu’il défend et «aux mères de famille qui pleurent dans [ses] bras ».