La révolte des quartiers populaires : un signal pour construire le monde d’après !

En écho

 

La révolte des quartiers populaires
un signal pour construire le monde d’après !

publié par Le monde d’après le 22 avril 2020

La police s’est rendue coupable de nombreuses brutalités dans la nuit de samedi à dimanche, faisant plusieurs blessés graves à Villeneuve-la-Garenne comme dans la banlieue de Toulouse.

Il ne s’agit pas de « bavures policières » mais d’un système perpétué par le président actuel et son gouvernement. La doctrine du maintien de l’ordre porté par le pouvoir fait preuve à nouveau d’une cruauté inédite.

La jeunesse des quartiers populaires se retrouve, plus encore que d’habitude, exposée en première ligne à la répression, du fait de la mise en œuvre de l’état d’urgence sanitaire. Face à l’impunité policière, la solidarité et la révolte sont nécessaires et légitimes.

La crise sanitaire que nous connaissons met à jour toutes les failles d’un système a bout de souffle. Les quartiers populaires sont encore une fois les plus durement frappés malgré la mobilisation exceptionnelle de leurs habitant.e.s et de l’ensemble des acteurs des quartiers (chaîne de solidarité, distribution de repas, entraide). La situation actuelle révèle leur abandon par l’état qui n’a jamais produit de plan massif de lutte radicale contre les inégalités vécues et subies au quotidien. Les habitant.e.s qui vivent déjà les violences policières et les injustices sociales sont les premières victimes de cette épidémie. La seule réponse de l’état est l’ultra violence policière.

Les quartiers populaires se soulèvent et constituent la première étincelle du mouvement social que nous appelons tous de nos vœux pour ne pas retourner à l’anormal. Pour construire le monde d’après, nous devons toutes et tous soutenir la révolte des quartiers face à ce régime de « démocratie autoritaire ».

Le monde d’avant prépare son après et il est déjà pire. Si nous ne voulons pas le subir nous devons l’écrire.

Nous voulons construire toutes ensemble un rapport de force populaire pour reprendre les rênes de nos vies et de notre futur. Le jour d’après plus rien ne doit être comme avant !
Services publics, santé, handicap, égalité femmes hommes, lutte contre l’évasion fiscale, retraites, quartiers populaires, paysannerie, climat, biodiversité, logement, démocratie, droit d’asile, justice fiscal, aucun sujet ne doit être oublié.

Ce qui était impossible depuis des décennies est devenu possible. En quelques jours, des milliers de milliards ont été débloqués pour les banques et les multinationales pour tenter d’endiguer le tsunami économique déclenché par la pandémie de covid -19 . Le jour d’après plus rien ne doit être comme avant !

Le jour d’après, « on arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste » !
Le jour d’après on s’organise et on ne se laisse ni voler notre humanité, ni notre planète, ni notre justice !

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Le test d’un gouvernement déficient et policier

Par Hervé Kempf, publié sur Reporterre le 23 avril 2020

L’attitude du gouvernement à l’égard du dépistage du coronavirus est révélatrice de son incapacité à analyser correctement les situations. Elle souligne l’urgence de changer un système politique fondée sur la verticalité et le pouvoir d’une oligarchie. Instaurer la 6e République sera une priorité de l’après confinement.

Le coeur des stratégies de lutte efficaces contre le coronavirus, bien plus que les masques ou le confinement, ce sont les tests. L’Allemagne et la Corée du sud, parmi d’autres, ont fait face à la pandémie en recourant tôt au dépistage. La France a mis deux mois à prendre conscience de cette réalité. Dépassée sur le nombre de lits de réanimation, la fourniture de masques, voire les blouses et les gants des soignants, elle est aussi restée aveugle à l’urgence du dépistage, mise en œuvre dès février par l’Allemagne. Et la France pratique un confinement massif, appliqué avec brutalité par une police qui ne considère pas les citoyens comme des êtres responsables mais comme des délinquants potentiels ou avérés.

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Pour que vivent les mondes d’après. Contribution au mouvement social en préparation

Publié par Le monde d’après le 23 avril 2020

Traduction : Respecte l’existence ou attends-toi à la résistance

Partout on entend les révoltes frémir,
Celles qui commençaient à rissoler,
Celles qui s’embrasaient,
Celles qui commençaient à caraméliser,
Celles issues des injustices sociales d’hier exacerbées aujourd’hui avec le virus et ses conséquences.
Celles, silencieuses, issues du sentiment global d’injustice vécu, subi et dont l’arrêt forcé ou la mise au ralenti force à la prise de conscience ou oblige à y penser.
Celles, grandissantes, issues du dérèglement climatique et de l’effet d’un ralentissement sur la qualité du monde.
Celles, enfin, issues des conséquences de l’action de cette petite élite mondiale surpuissante à la fois responsable des injustices sociales et du dérèglement climatique et dont les victimes, par millions, sont les mêmes.

Le confinement a forcé à baisser le feu et recouvert les marmites temporairement mais tout mijote…

On entend ici et là dans les sphères au pouvoir que les choses vont changer :
« Qu’il y aura un avant et un après » ;
Qu’il faudra « tirer toutes les conséquences de cette période » ;
Qu’il faudra un « capitalisme à visage humain » ;
Qu’il « faudra changer l’ordre de nos priorités »…

On entend ici et là dans les braisières militantes et politiques, qui s’impatientent en raison du déconfinement sanitaire, une volonté d’un déconfinement des droits et des libertés.
On entend susurrer qu’il faut « penser le monde d’après », « demander des comptes », « faire valoir nos droits », « réclamer ce qui nous est dû », « créer une plateforme de revendications » et bien d’autres choses…

Le monde médiatique aussi endosse les couleurs du Nouveau Monde, du Figaro à Mediapart en passant par Closer, tout le monde veut « le Nouveau Monde »… le même ?

Non nous ne voulons pas de leur « monde d’après »

• Pas le « monde d’après » du système. Le microcosme politico-économique au pouvoir a déjà mis en place les conditions de son monde d’après à savoir le même qu’avant en pire.
On remet en cause le droit du travail, les congés, la réglementation actuelle déjà bien attaquée. Sans aucun doute car il faut « redresser le pays », se « serrer la ceinture », faire un « effort » collectif et individuel pour que la nation reprenne son rythme de croisière, sa croissance, son dynamisme économique, son exploitation des sols, des ressources, des humains, des êtres vivants.. faisons pire et acceptons le tous.es pour le bien… d’une minorité ! et s’il faut mettre en place un gouvernement d’union nationale pour y arriver, soit ! Tant que la croissance va ! Et si diable quelques rebelles extrémistes ne rentrent pas dans l’union, les stocks de lacrymogène, LBD et autres armes de répressions physiques, judiciaires ou économiques sont prêtes.

• pas le « monde d’après » des réformistes doux. En pleine ébullition (et c’est le moment c’est certain) : « il faut construire le monde d’après », celui qui se fera en gardant le système mais en arrangeant un peu les choses au moins de façade pour faire vaciller les électeurs du bon côté, le leur. Celui qui vantera le nouveau monde faussement pour de vrai comme l’avait fait véritablement pour de faux le président actuel avant eux pour se faire élire…Tant que les bons amis sont préservés et que l’élite ne tombe pas, pourquoi pas même lâcher quelques réelles miettes, pas simplement des bons pour des miettes…

Le monde d’après, le nôtre, est multiple, diversifié, rebelle, auto-organisé et sérieux.

N’attendons plus rien de l’élite politique et économique en place, organisons-nous pour créer les mondes d’après !

Les mondes d’après ne seront pas un.
Certain.es voudront créer et fédérer des communes libres
d’autres chercheront à renverser la vieille cocotte du vieux monde par différents moyens révolutionnaires violents ou non-violents
d’autres encore plébisciteront le communalisme, l’éco-socialisme ou la démocratie radicale,
d’autres encore inventeront d’autres chemins.

Ces mondes peuvent co-exister demain et peuvent se fédérer aujourd’hui dans le mouvement qu’il nous reste à construire pour qu’ils puissent vivre et exister.

Rallumons le feu sous toutes les marmites !
Faisons-le en même temps et embrasons la cuisine, la maison et le quartier !

Rallumons-les toutes tant qu’elles ont en commun l’idée de créer en co-existence ces mondes de demain et qu’elles partagent quelques ingrédients de base non négociables comme le féminisme, l’anti-autoritarisme, la solidarité, l’anti-racisme, la remise en question du fonctionnement économique et politique actuel et la volonté de vivre en harmonie sur une planète préservée tant au niveau de son environnement, de ses êtres vivants et de la justice sociale et climatique qu’elle propose à ses habitants humains.
Tant qu’elles saupoudrent dans leur mixture une pincée de créativité et d’ouverture, qu’elles acceptent d’y rajouter un soupçon non négligeable de tolérance entre les différents moyens d’action afin de pousser dans le même sens de la manière que l’on trouve la plus appropriée sans imposer à l’autre sa finalité ni sa façon d’y parvenir.

Rallumons toutes ces révoltes simultanément et créons, facilitons et construisons les mondes de demain !

Tout est bon à inventer, et à décider collectivement mais voici quelques pistes :

– Ré-investissons les places, les ronds-points, l’espace public et faisons-en des refuges.
Refuges pour celles et ceux qui souhaitent sortir durablement ou temporairement de leur quotidien subi.
Refuges pour celles et ceux qui vont lutter et qui luttent déjà de la manière qui leur semble la plus appropriée.
Refuges pour toutes celles et ceux qui subissent en premier lieu les effets du système et quelque soit la forme de précarité ou de pauvreté qu’elles rencontrent.
Refuges à défendre, lieux de transition et de formation pour les mondes d’après !

– Faisons de ces refuges des gares à partir desquelles partent les trains pour les mondes d’après et dans lesquelles on s’y forme, on construit et on s’y prépare.

Faisons de ces gares des lieux de transition où le système s’arrête et où la créativité, l’amour et la vie reprennent.

Pas de retour à l’anormal, pause générale, construisons les mondes d’après, le leur on le connaît, on n’en veut pas !

« Les pas de noms », membre du collectif le monde d’après


Photo de Une : © Jeanne Menjoulet, « Briser les chaînes »